Comment mettre la personne au premier plan pendant que l’épidémie de COVID-19 se propage
La nouvelle épidémie de coronavirus (COVID-19) a dominé les grands titres et capté toute l’attention du public au cours des dernières semaines. C’est pour une bonne raison : des milliers de cas et des centaines de décès dus au virus ont été confirmés dans le monde entier, selon l’Organisation mondiale de la santé, qui a déclaré l’épidémie une urgence de santé publique de portée internationale.
Bien que la grande majorité des cas signalés l’aient été en Chine, des patients sont apparus dans plusieurs autres pays, notamment aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Canada, en France, en Allemagne et au Japon. Cela a nourri la crainte que la maladie devienne finalement une épidémie mondiale ou une pandémie.
Face à ce danger, il est important que les entreprises prennent des mesures de planification et de protection pour se prémunir contre la possibilité que l’épidémie s’aggrave et ses conséquences potentielles sur les revenus, les activités, les clients, les fournisseurs et, en particulier, les employés. Les employeurs doivent faire de leur personnel une priorité absolue et veiller tant à protéger sa santé et qu’à le tenir bien informé.
Ce faisant, toutefois, les employeurs doivent éviter de réagir de manière exagérée ou de mettre en œuvre certaines mesures prématurément, car cela pourrait compliquer leur réponse et nuire à leurs relations avec les employés.
Comprendre le virus
Tandis que les responsables de la santé publique travaillent à l’élaboration de mesures préventives et curatives, il est important que les employeurs soient conscients de la nature du virus et qu’ils communiquent cette information aux employés.
Le nouveau coronavirus provoque généralement des symptômes légers à modérés des voies respiratoires supérieures chez les personnes en bonne santé, notamment de l’essoufflement, de la fièvre, de la toux et de la fatigue. Ces symptômes peuvent facilement être confondus avec ceux du rhume ou de la grippe. La période d’incubation du virus varie de deux à 14 jours. On pense qu’il se propage par un contact étroit entre des personnes qui toussent ou éternuent activement.
Les cas signalés de contamination interhumaine sont limités jusqu’à présent hors de Chine, notamment avec un cas signalé aux États-Unis, mais cela pourrait changer au fil du temps.
Planifier en fonction des pires scénarios
Étant donné les menaces pour la santé publique apparues au cours des dernières années – virus Ebola et Zika et autres agents pathogènes – de nombreuses entreprises ont déjà beaucoup réfléchi à leur réponse potentielle aux éclosions, aux épidémies et aux pandémies. Pour celles qui ne l’ont pas encore fait, la première étape consiste à mettre sur pied un groupe de planification consacré à l’épidémie actuelle ou à une réponse plus large à une épidémie/pandémie. Idéalement, ce groupe peut s’intégrer aux cadres existants de gestion de crise, de santé et de sécurité des employés ou de continuité des activités d’une entreprise.
Plutôt que d’attendre que des questions soient posées, ce groupe doit chercher à anticiper les préoccupations des hauts dirigeants au sujet d’une épidémie qui se poursuit et pourrait s’aggraver et y répondre de manière proactive. Les considérations relatives aux employés, notamment les suivantes, doivent être particulièrement importantes pour le groupe.
Santé et hygiène des employés
Les employés doivent être informés des recommandations de l’OMS et des autres autorités sanitaires pour aider à prévenir la maladie et à limiter la propagation du virus. Ces recommandations comprennent les suivantes :
- toussez ou éternuez dans le creux d’un coude fléchi ou dans un papier-mouchoir;
- lavez-vous fréquemment les mains, y compris après avoir toussé, éternué et touché des surfaces touchées par d’autres personnes;
- évitez de vous toucher la bouche ou le nez;
- évitez tout contact étroit avec des personnes présentant des symptômes;
- faites-vous vacciner contre la grippe pour minimiser la confusion des symptômes.
Les employés qui se sont récemment rendus dans la province de Hubei, où l’éclosion a commencé, ou qui ont été exposés à une personne présentant la maladie doivent être invités à rester à l’écart de leur lieu de travail pendant 14 jours et à s’assurer que des prestataires de soins de santé surveillent et évaluent leurs symptômes éventuels. Les employés qui ont été en contact avec des personnes infectées doivent surveiller leur température deux fois par jour sur une période de 14 jours et surveiller les symptômes qui peuvent apparaître. Ils doivent également communiquer avec leurs prestataires de soins pour obtenir des instructions.
Les employés qui présentent des symptômes, mais n’ont pas voyagé en Chine et n’ont pas été en contact étroit avec des personnes infectées peuvent souffrir de la grippe ou d’un rhume. Ces employés doivent demander conseil aux professionnels de la santé tout en évitant d’être en contact avec d’autres personnes.
Les employeurs doivent informer les employés des options de télémédecine à leur disposition; des consultations avec des professionnels de la santé par le biais de la télémédecine pourraient rassurer les employés et leur éviter de se rendre dans les salles d’urgence de l’hôpital et dans d’autres établissements de soins de santé où les virus se propagent souvent. Si l’épidémie s’aggravait, les employeurs pourraient également envisager de mettre à disposition un désinfectant hydroalcoolique pour les mains et des masques – qui se sont avérés partiellement efficaces pour réduire la propagation des virus – et encourager tout personnel présentant des symptômes à rester hors du lieu de travail.
Congé payé pour raisons familiales et congé de maladie
Il est important que les employeurs tiennent compte non seulement des besoins de leurs employés, mais aussi de ceux de leur famille. Et il est important que les employés se sentent soutenus par leurs employeurs pendant une période de crise.
Au cours d’une éclosion, d’une épidémie ou d’une pandémie, sans les assurances appropriées de la part des employeurs, les employés pourraient craindre de perdre des revenus et continuer à travailler même s’ils tombent malades ou si des membres de leur famille tombent malades. Si l’épidémie s’aggrave, les employeurs doivent envisager d’élargir ou d’étendre les politiques liées aux congés payés pour raisons familiales et aux congés de maladie. Toutefois, ces changements potentiels doivent être équilibrés par rapport aux préoccupations concernant l’absentéisme des employés et la réduction de la productivité.
Télétravail et voyages
Plusieurs gouvernements et autorités de santé publique, y compris des États-Unis et du Royaume-Uni, recommandent actuellement d’éviter tout voyage non essentiel en Chine et tout voyage dans la province de Hubei; la Russie, quant à elle, a fermé sa frontière terrestre avec la Chine. Tous les employés qui doivent se rendre dans la région doivent être conscients des précautions recommandées par l’OMS, notamment respecter une bonne hygiène, cuire minutieusement la viande et les œufs et éviter tout contact avec des animaux vivants.
Si le virus se propage, les employeurs pourraient envisager de mettre fin à tous les voyages d’affaires. En outre, permettre aux employés de travailler à domicile, même s’ils ne sont pas symptomatiques, et permettre des réunions virtuelles pourrait contribuer à limiter la propagation du virus et apaiser les craintes des employés quant à leur exposition.
Pour prendre de telles décisions, les employeurs doivent prendre en compte les effets opérationnels, par exemple, si les réseaux privés virtuels et d’autres systèmes technologiques peuvent accueillir davantage de travailleurs à distance et si les activités critiques peuvent être menées sans communication en face à face.
Adopter une approche mesurée
À ce stade, les employeurs doivent poser des questions essentielles et envisager leurs réponses potentielles. En Chine, en particulier, le nombre de cas de coronavirus signalés et les craintes quant à sa propagation ont déjà suscité des mesures fortes de la part des employeurs, des autorités sanitaires et des fonctionnaires. Il s’agit notamment de mises en quarantaine, de restrictions sévères concernant les déplacements et de la fermeture temporaire de nombreuses entreprises.
Compte tenu de la préoccupation justifiée des effets opérationnels potentiels et du bien-être de leur personnel, le réflexe initial de certaines entreprises multinationales pourrait être d’adopter de telles mesures immédiatement et à l’échelle internationale. Mais pour la plupart des entreprises, et dans la plupart des pays, il n’est pas temps de réagir de manière excessive.
Les employeurs doivent être conscients qu’au début de février 2020, la probabilité qu’une personne autrement en bonne santé n’ayant pas récemment visité la Chine ni été en contact étroit avec une personne touchée par le coronavirus semble faible. Prendre des mesures soudaines et visibles trop tôt, par exemple en exigeant que tous les employés travaillent à domicile, pourrait envoyer le mauvais message aux employés.
Les groupes de planification du coronavirus ou d’épidémies/de pandémies doivent plutôt réfléchir attentivement à la manière et aux conditions d’activation de parties de leurs plans. Ces groupes doivent définir des critères précis – en s’appuyant sur les conseils des gouvernements et des autorités de santé publique – pour les seuils de mise en œuvre de politiques et de procédures spécifiques. Par exemple, il peut être approprié pour les entreprises de distribuer des masques et de demander de la distanciation sociale et du télétravail dans le cas d’une contamination confirmée d’un employé ou d’un membre de la famille d’un employé.
La communication est la clé
Tout en se préparant à des mesures possibles au fur et à mesure de l’épidémie, les groupes de planification doivent se concentrer sur la communication avec les hauts dirigeants et les employés. Les groupes de travail doivent fournir aux cadres supérieurs et aux responsables des renseignements et des connaissances pour les aider à prendre des décisions éclairées qui répondent aux besoins opérationnels et assurent le bien-être des employés.
De leur côté, les employés doivent savoir que les hauts dirigeants surveillent la propagation du virus et sont prêts à transmettre des mesures d’intervention si nécessaire. Fournir aux employés des informations – sur les progrès de l’épidémie, les réponses des employeurs et les efforts des gouvernements et des responsables de la santé publique pour la combattre – et utiliser le ton approprié dans les communications peut rassurer les employés, corriger les idées fausses sur le nouveau coronavirus et limiter la peur et l’anxiété.